La multiplication des urgences humanitaires sous l'effet du réchauffement climatique : le cas du continent africain

En Afrique, les plus vulnérables paient le prix fort du changement climatique auquel ils ont le moins contribué.

 

            Bien que l'Afrique soit le continent qui contribue le moins au réchauffement climatique, à hauteur de 4 % des émissions de gaz à effet de serre générées par l'Homme ; il est aussi celui qui en subit les plus lourdes conséquences. De fait, les premières victimes sont les populations, qui se retrouvent exposées à des phénomènes climatiques et météorologiques de plus en plus violents. Dans ce contexte de crise climatique, aucun pays africain n'est épargné et tous sont menacés par l'émergence de catastrophes naturelles à l'intensité croissante.

 

            En ce mois d'octobre 2022, une large partie du continent fait face à deux phénomènes climatiques extrêmes, dont la dimension catastrophique peut être directement reliée au changement climatique, et qui ont des répercussions sur la vie et les moyens de subsistance des populations affectées.

D'une part, dans la Corne de l'Afrique, plus de 36 millions de personnes sont actuellement touchées par la pire sécheresse depuis des décennies. L'important déficit pluviométrique en cours dans la région annonce une famine sans précédent dont le nombre de morts pourrait atteindre des centaines de milliers et atteindre des taux jamais enregistrés. Aujourd'hui, déjà, dans les régions les plus affectées, à savoir une large partie de la Somalie, de l’Éthiopie et du Kenya, une personne meurt de faim toutes les 48 secondes. En Somalie, plus de 90 % de la population souffre d'insécurité alimentaire. La situation y est d'ores et déjà pire que lors de la terrible famine qui s'était abattue sur le pays en 2011 et qui avait à l'époque provoquée la mort de 260 000 personnes. Depuis le début de cet épisode de sécheresse en janvier 2021, 1,2 millions de somaliens ont été déplacés. Dans son pays voisin, le Kenya, les chiffres ne sont guère plus rassurants, avec 1/5ème du pays en insécurité alimentaire, tout comme en Éthiopie, où 26,2 % des enfants de moins de 5 ans sont en situation de malnutrition. Le réchauffement climatique entraînant des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et violents, la sécurité alimentaire des personnes menacées constitue un réel enjeu à relever pour l'avenir.

D'autre part, en Afrique de l'Ouest et en Afrique Centrale, 19 pays[1] sont touchés par des inondations tragiques, elles‑mêmes causées par des précipitations saisonnières largement supérieures à la moyenne. Dans la région, ces pluies diluviennes ont affecté et bouleversé l'existence de plus de 5 millions de personnes, entraînant le déplacement de dizaines de milliers d'entre elles. En provoquant le décès de centaines de victimes, cette catastrophe est l'une des plus meurtrières que la région ait connues depuis des années. Parmi les pays les plus touchés, on peut citer le Tchad. Le pays fait face actuellement à l'une des pires inondations de son histoire avec plus d'1 million de personnes touchées dans 18 de ses 23 provinces, des centaines de maisons détruites et plus de 465 000 hectares de terres cultivées détruites. Au Nigeria voisin, le bilan est encore plus alarmant avec au moins 2,8 millions de personnes touchées, dont 603 sont décédées et 637 000 hectares de terres cultivées détruites. Autre cas marquant, celui d'un pays d'Afrique de l'Est, le Soudan du Sud, où les inondations ont affecté plus de 900 000 personnes et entraîné le déplacement de 460 000 d'entre elles. Si le lien entre réchauffement climatique et inondations n'apparaît pas toujours comme évident, il existe bel et bien. En effet, les conclusions du rapport du GIEC[2] du 9 août 2021 montrent bien qu'avec le réchauffement de la planète, la concentration en vapeur d'eau dans l'atmosphère génère depuis les années 1950 des pluies diluviennes de plus en plus fréquentes et aux conséquences d'une envergure croissante. Ces épisodes d'inondations sont donc voués à s'intensifier à l'avenir et à menacer des millions de personnes, d'Afrique de l'Ouest et Centrale, mais aussi d'autres régions du monde comme par exemple l'Asie du Sud, avec le cas récemment éprouvé du Pakistan.

 

            Les épisodes de sécheresse, comme d'inondations, causent chaque année la mort ou le déplacement de millions de personnes et les exposent à des niveaux d'insécurité alimentaire de plus en plus critiques. Elles provoquent la destruction des récoltes, rendent les terres inexploitables et  menacent le pouvoir d'achat des personnes en générant une augmentation vertigineuse des prix des céréales, comme actuellement au Ghana où le prix du maïs a augmenté de 106 % ou au Burkina Faso où le prix du sorgho a augmenté de 85 %. Les catastrophes naturelles causées par le réchauffement climatique constituent donc à l'avenir un défi majeur à relever pour les organisations humanitaires. Un récent rapport de l'UNICEF, publié le 18 octobre 2022, prévoit qu'en 2050, près de 2 milliards d'enfants souffriront de graves conséquences du changement climatique, notamment dans les pays d'Afrique sahélienne et d'Asie du Sud[3].

Les urgences humanitaires liées au changement climatique sont vouées à se multiplier. Pour pallier au maximum aux conséquences de ces catastrophes, les acteurs de la solidarité ont plus que jamais besoin de moyens pour agir de la manière la plus rapide et efficace possible en cas de crise. C'est dans ce but que DIGNITÉ International, association humanitaire intervenant depuis 2014 dans des contextes de crise, vient de créer un fonds spécialement dédié aux urgences. Ce dernier a pour but, d'anticiper les situations de crise à travers le monde, qu'elles soient liées à une catastrophe naturelle ou à un conflit, et d'intervenir directement sur le terrain pour secourir les personnes dont la vie et la santé sont menacées. Ses interventions se caractérisent, selon les besoins, par la distribution de colis alimentaires d'urgence, d'envoi de médecins urgentistes pour secourir les populations blessées lors d'un confit, de programmes de soins pour sauver et soigner les enfants en situation de malnutrition aiguë...

Ensuite parce que le temps de l'urgence fait toujours place à des besoins post‑crises tout aussi vitaux, DIGNITÉ International s'engage également dans les domaines de la sécurité alimentaire et du développement durable qui ont pour double objectif de reconstruire les capacités des personnes et de préserver au maximum l'environnement. A titre d'exemple, l'association a développé un programme de fermes agroécologiques au Sahel pour préserver l'autonomie des populations les plus vulnérables tout en fertilisant les sols et en luttant contre la désertification et la déforestation[4].

 

Pour aider nos équipes à apporter une aide urgente et vitale aux populations affectées par le déclenchement de crises, soutenez notre fonds urgence et aidez‑nous à les secourir rapidement : https://www.dignite-international.org/urgence. Et pour en savoir plus sur les projets mis en œuvre par l'association pour préserver la vie et la dignité humaine à travers le monde : https://www.dignite-international.org/.

 

[1]Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, République du Congo, République Démocratique du Congo, République Centrafricaine, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Sierra Leone et Tchad

[2]GIEC = Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat

[3]le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Soudan, le Tchad, l’Arabie saoudite, l’Iraq, l’Inde et le Pakistan devraient compter le plus grand nombre d’enfants touchés.

[4]https://www.dignite-international.org/actualites/la-ferme-africaine-une-nouvelle-approche-de-l-humanitaire?_ga=2.126194445.1698890897.1666949300-926102778.1614878082 

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